Être pauvre, il détestait ça...devoir mendier dans la rue en ayant peur d'être déporté...ça lui était insupportable.
Cho In n'avait que 7 ans, il n'était en Chine que depuis deux ans et son quotidien n'avait été que la misère et la peur. Rien de bien extraordinaire, comme la moitié des enfants de la planète vous me direz, lui aussi il le savait et c'est la raison pour laquelle il ne s'en plaignait pas et se levait chaque matin à l'aube pour passer sa journée à tendre la main, tête baissée.

Cho In...il ne portait ce nom que depuis ses 6 ans, au moment où il avait passé la frontière nord-coréenne pour arriver en Chine. C'était son père qui lui avait donné par précaution, leur interdisant à sa mère et lui de prononcer ou même d'écrire son ancien nom car à la première erreur, il serait rapatrié...leur vie ne tenait qu'à un fil. Son père n'avait malheureusement pas survécu à leur évasion, Cho In ne gardait qu'une image floue de lui, un homme massif et borgne qui tombait sous les balles des soldats chargés de rattraper les fugitifs.
Le coréen ne pensait que très rarement à cette époque, le temps où il s'appelait Gu Yo-Seob, le moment où son père s'était fait fusillé et l'instant où sa mère l'avait abandonné dans les rues de Shanghaï pour suivre son amant japonais munie d'un faux passeport; À quoi bon ressasser le passé ? L'important c'était de survivre dans ce monde de chiens battus, de chiens errants, de chiens sauvages...La vie de cabot domestique, il n'y aurait jamais accès...même dans ses rêves il n'arrivait à y accéder.

Il n'aurait jamais pensé qu'un simple vol aurait changé sa vie et que 18 ans plus tard, il vivrait aisément en recelant son corps au plus offrant; C'était le seul moment de son enfance dont il se souvenait avec le sourire.

Quelques temps après le départ de sa mère, lassé de mendier dans les rues et de vivre sous les ponts comme un manant, Cho In se décida à rejoindre une bande d'enfants voleurs des bas-fonds; Il les avait déjà vus à l'action auprès des touristes, les couvrant même par moment aux yeux de la police et puis un jour à force de rencontre hasardeuse avec l'un de ces enfants qui passait souvent sur le pont sous lequel il dormait et lui apportait parfois même de quoi se nourrir, il en devint l'ami; Cet enfant s'appelait Lee Min-Kyu et il se plaisait à lui dire qu'ils étaient frères, puisqu'ils avait le même faux nom de famille et qu'ils venaient de la même région nord-coréenne. Min-Kyu proposa à plusieurs reprises à Cho In d'intégrer leur bande et de venir vivre avec eux, ce que ce dernier refusa plusieurs fois car il ne voulait pas salir la mémoire de son père.

Mais voilà, au bout d'un moment la faim devient plus pressante et ce n'était pas le souvenir de son père qu'il respectait qui allait l'aider à manger à sa faim. Le jeune nord-coréen accepta donc l'offre de son hyung et intégra leur bande, tous les membres étaient des enfants pareils à de jeunes chiots délaissés qui s'étaient rassemblés en meute. "Ni Dieu, ni Maître", chacun était libre de faire ce qu'il voulait sauf de dénoncer les autres, il n'y avait aucun chef et la seul loi était de ne pas voler "ses frères"; Ces enfants s'étaient juste rassemblés pour vivre plus aisément, même si c'était encore de manière précaire.
Cho In s'habitua vite à la vie de brigand, commençant au plus bas du "métier" en allant dérober le nourriture sur les marchés, ça avait quelque chose d'amusant de courir en compagnie de ses camarades lorsqu'on était poursuivit et de rire avec eux quand on réussissait à s'échapper.

Sa vie s'était beaucoup améliorée, il avait des personnes sur qui compter et Min-Kyu hyung veillait sur lui.

Quatre ans plus tard, Cho In âgé de 11 ans et Min-Kyu de 15 ans parcouraient la ville et plus précisément le quartier touristique à la recherche de nouvelles proies. Cela faisait deux ans que Cho In avait commencé à voler les touristes et Min-Kyu et lui formaient une paire en or, amassant parfois plus de 500 yuan par jours.

Min-Kyu: Repère les occidentaux surtout...

Cho In: Je sais bien...regarde celui là, il a une montre en or...!

Min-Kyu: C'est un asiatique abruti...!!!

Cho In: Et alors ?? L'argent n'a pas les yeux bleus ou bridés à ce que je sache.

Adressant un sourire moqueur à son ainé, le jeune intrépide se faufila parmi la foule analysant sa cible avant de s'emparer avec agilité et discrétion de son porte-feuille et de partir l'air de rien; Min-Kyu ne s'était pas tourné les pouces en attendant et avait volé le porte-feuille de deux amerlocs.
Ils partirent tous les deux en courant, direction le fleuve Xhiang où ils avaient l'habitude de compter leur butin, plus de 2000 yuan cette fois-ci, de quoi rester bouche bée. Cho In regarda de tous les sens le passeport dans le portefeuille qu'il avait volé.

Cho In: ...?

Min-Kyu: Yamaguchi, abruti ! C'est du japonais...

À peine eut-il prononcé ce nom qu'ils étaient tous les deux frappés violemment à la nuque. Lorsque Cho In se réveilla, il faisait face à un groupe d'homme pour le moins menaçant.

Cho In: Hyung... Min-Kyu hyung...

Complètement apeuré, Cho in cherchait son ainé parmi cette bande de brute; Tout ce qu'il trouva c'est un homme qui lui fit une proposition qu'il n'était pas en mesure, ni en position de refuser: aller dans un orphelinat au Japon.
Quelque mois plus tard, Lee Cho In arriva au Japon et entra dans l'orphelinat en question; Deux enfant plus jeunes que lui et un plus vieux s'y trouvant déjà.

Ce n'est que plusieurs années plus tard que cette orphelinat accueillant se transforma en une maison close étouffante.

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